La mention de l’année de production sur l’étiquette d’une bouteille de vin ne se limite pas à un simple aspect visuel ou marketing : il s’agit d’une exigence réglementée soumise à des critères précis définis par les réglementations européennes et nationales. Mais que signifie réellement le terme « année » et dans quel contexte est-elle requise, facultative ou même prohibée ? Plongeons ensemble dans ce sujet pour découvrir comment cette mention révèle bien plus sur le vin que ce qu’on pourrait penser.
Qu’est-ce que l’année de vin ?
En oenologie, l’année sur une étiquette indique l’année de récolte des raisins utilisés pour la vinification. C’est une donnée essentielle pour les consommateurs, car elle informe sur les caractéristiques du vin associées aux conditions climatiques de l’année de production, ainsi que sur l’impact de ces conditions sur la maturation des raisins. L’indication de l’année n’est pas systématique sur toutes les étiquettes. Les réglementations européennes précisent quand et comment cette année doit être mentionnée, et les règles varient selon la catégorie à laquelle le vin appartient.

L’étiquetage du vin est principalement régi par deux textes européens :
- Le Règlement CE n° 607/2009, qui a établi des normes spécifiques concernant la présentation et la désignation des produits vitivinicoles.
- Le Règlement UE n° 1308/2013, qui met en place une organisation commune pour les marchés des produits agricoles, y compris le vin, tout en révisant et en élargissant les dispositions antérieures.
Ces règlements distinguent trois grandes catégories de vins. On trouve les vins « Do », désignant les « Denominations d’Origine », et les Igp, soit « Indications Géographiques Protégées », qui regroupent les vins Doc, Docg et Igp italiens, produits selon des normes spécifiques ; ensuite, il y a les vins variétaux, qui sont élaborés à partir de cépages connus (comme Chardonnay ou Merlot) sans indication géographique ; enfin, les vins « de table », qui englobent tous les vins génériques ne rentrant pas dans les deux premières catégories. La présence de l’année sur l’étiquette dépend donc de la classification du vin dans ces catégories ainsi que du respect de normes précises.
Quand la mention de l’année est-elle obligatoire ?

L’indication de l’année est exigée pour les vins Do et Igp lorsque cela est prévu par le cahier des charges de production. De nombreuses normes de dénomination italiennes (par exemple, celles du Barolo Docg ou du Chianti Classico Docg) imposent la mention de l’année pour assurer la transparence et la cohérence en ce qui concerne les caractéristiques du vin. Néanmoins, il existe des exceptions : certains cahiers des charges n’exigent pas l’indication de l’année ou ne la limitent qu’à des types de vin spécifiques, comme les vins de réserve ou ceux à long vieillissement.
Un aspect fondamental est le respect d’une règle technique : pour pouvoir mentionner l’année, au moins 85 % des raisins utilisés doivent être issus de la même année. Ce principe, défini par l’article 61 du Règlement CE n° 607/2009, assure que le vin reflète véritablement les caractéristiques de l’année de récolte indiquée.
Quand la mention de l’année est-elle facultative ?

Quand la mention de l’année est-elle interdite ?

Pour les vins sans dénomination et non variétaux, l’indication de l’année est formellement interdite. Ces vins, souvent simplement appelés « vins de table« , ne suivent pas de standards de production précis et ne peuvent pas afficher l’année pour éviter d’éventuelles informations trompeuses utilisées à des fins promotionnelles.
Cependant, même pour les vins sans dénomination, il est possible de déterminer l’année de production grâce au lot d’embouteillage mentionné sur l’étiquette. Dans certaines situations, les numéros de lot comprennent l’année de récolte, bien que cette pratique ne soit pas systématique.
Pourquoi l’année est-elle si cruciale ?
L’année n’est pas seulement une donnée technique : elle constitue un élément clé pour appréhender l’identité d’un vin. Les conditions climatiques d’une année donnée influencent la maturation des raisins, l’équilibre entre sucres et acides, ainsi que la qualité des tanins, conférant ainsi des caractéristiques organoleptiques uniques.
Par exemple, une année particulièrement chaude peut produire des vins plus structurés et riches, tandis qu’une vendange tardive d’une année fraîche pourrait mettre en avant l’acidité et la fraîcheur. C’est la raison pour laquelle, dans le secteur des vins haut de gamme, l’année est perçue comme un indicateur de qualité et d’originalité.
Une absence de mention de l’année signifie-t-elle une mauvaise qualité ? Non, l’absence de l’année ne rime pas nécessairement avec une faible qualité. Certains producteurs choisissent de ne pas s’engager dans des dénominations pour préserver leur liberté de production ou pour suivre des méthodes traditionnelles non standardisées. Il existe des vins sans dénomination de grande qualité, souvent élaborés avec des techniques artisanales qui privilégient l’unicité du produit par rapport aux normes officielles. Par exemple, la majorité des Champagnes affichent souvent l’absence d’année, mais cela ne remet pas en question leur réputation de qualité.